Esther Perel, une femme assez exceptionnelle, a réussi a réussi sa vie de manière éclatante : elle a su (pu) devenir, me semble-t-il, la meilleure d’elle-même, sans entrave – ou peut-être malgré des entraves. Lorsque je lis son récit de vie (résumé), je vois transparaître une qualité fondamentale : la curiosité. Cette curiosité qui nous mène en dehors des idées reçues et les sentiers battus, dans de nouvelles découvertes de nos possibles et de celles de l’humain, de nouvelles compréhensions de la vie et de l’esprit. Dans son cas, sa contribution à la compréhension des relations est pleine de sens – pour elle et pour tous, en tout cas dans notre société et notre culture occidentale.
En dehors du fait que dans la vie personnelle, Esther Perel semble être épanouie – et qu’elle parle neuf langues couramment (!) – elle est devenue une pionnière de la thérapie de couple, ainsi qu’auteur, conférencière et formatrice de renommée. Bien sûr, il y a beaucoup d’exemples de ce genre de succès. Ce qui a attiré mon attention chez elle, c’est son histoire familiale, car elle n’est pas banale.
Ses deux parents étaient des survivants des camps de concentration nazis et les seuls survivants de leurs familles respectives. Pendant les quatre années d’internement, ils ont été confrontés quotidiennement à la mort. Comme elle le dit : « le traumatisme a été tissé dans le tissu de l’histoire de ma famille (et allait inspirer mon travail pendant des années) ». Elle raconte que ses parents « sont sortis de cette expérience déterminés à vivre pleinement et à tirer le meilleur parti de chaque jour ». Le fait d’être encore en vie a été pour eux un cadeau en soi et ils « ne voulaient pas seulement survivre, ils voulaient revivre. Ils voulaient embrasser le dynamisme et la vitalité de la vie … ». Esther Perel estime qu’elle leur doit une grande partie de son point de vue sur la vie, ainsi que sa croyance dans le pouvoir de la volonté, la recherche d’un sens et la résilience de l’esprit humain. Pour elle, il y a un monde de différence entre « ne pas être mort » et « être vivant » et elle doit cette compréhension à ses parents.
Être pleinement vivant, c’est bien plus que de ne pas être mort, c’est avoir la curiosité ouverte et l’émerveillement de chaque instant. C’est avoir la gratitude pour chaque souffle. Et c’est tirer le meilleur parti de chaque jour, quel que soit notre passée – ce qui n’exclut pas (au contraire) le désir ou la nécessité de travailler sur un passé de traumatismes ou des événements difficiles pour apaiser des parts en nous qui ont trop souffert.
Quelle chance d’avoir grandi dans une famille où la vie est abordée de telle manière. Assez peu d’entre nous l’avons eue. Mais il n’est jamais trop tard. On peut commencer et recommencer à chaque instant d’accueillir la vie comme un cadeau.
Non seulement cela est possible mais notre bien-être en dépend.