Notre vraie nature est joyeuse mais ce n’est pas toujours ce qui est présent pour nous. La boucle des pensées et des émotions intervient, crée ou ajoute à la souffrance. Et il n’est pas toujours possible de « juste » laisser passer les pensées ou laisser être les émotions. Comment faire quand c’est difficile ?
Dans un précédant blog, j’ai évoqué les états dans lesquels les « nuages dans le ciel » ne passaient pas : les pensées, la voix intérieur, sombres, pessimistes, critiques, persistantes, reviennent à la charge, tournent en boucle, sont lourdes d’émotion, … L’image est loin du ciel bleu avec des jolis moutons qu’on laisse simplement passer.
Il se peut, dans certains de ces moments, que ce ne soit pas la méditation qu’il nous faut, en tout cas pas la méditation assise et encore moins la méditation centrée sur le corps. Dans ces cas, on peut choisir un objet en-dehors du corps pour ancrer notre attention. Ou sinon, il pourrait être bien plus aidant et profitable de faire une méditation en mouvement : en marchant, en faisant du yoga / tai chi / qi gong, en courant ou nageant, voir même toute tâche manuelle répétitive, en conscience.
Mais si nous choisissons de nous poser pour méditer, assis, debout ou allongé, pour nous tourner vers ce qui est là, ce qui fait mal, fait peur, nous ronge, nous écroule, … et le faire avec compassion, curiosité et la compréhension qu’il s’agit d’une part de nous-même, cela nous aide à ne pas être envahie par cette part, à ne pas croire être elle et parfois à trouver un vrai apaisement qui dure. Cette part a certainement quelque chose à nous signifier, que nous ne pourrions pas entendre sans nous poser tranquillement et l’accueillir avec une intention bienveillante. Rien que le fait de lui prêter une attention aimante peut parfois l’apaiser. Le fait d’avoir ce recul, même si ce n’est que très peu – si les émotions sont très intenses – et de sentir ce qui se passe dans le corps, a l’effet d’activer les centres de la compassion et de régulation émotionnel dans le cerveau.
Tara Brach, psychologue, auteur et enseignante de méditation, a rendu célèbre l’acronyme R.A.I.N. :
Reconnaître (ce qui est là : la part de nous qui est activée)
Accueillir (se tourner vers et accepter le fait que ce soit ainsi, ce qui ne veut pas dire que nous n’allons rien faire pour le changer, dans la mesure du possible, mais notre posture n’est ni de jugement ni de refus)
Investiguer (si nous sommes curieux de ce qui est là, nous pouvons mieux connaître le besoin en-dessous)
Non-Identification (comprendre que nous ne sommes pas cette émotion ni ces pensées : nous ne sommes ni nos parts ni la somme de toutes nos parts mais bien plus que cela) /
Nourrir (apporter de l’amour, de la compassion, ce qui nous ressource).
Bien sûr, le processus n’est pas aussi linéaire que cela, mais cet acronyme nous sert à nous rappeler les éléments essentiels d’une pratique bienveillante et dynamique.
Ayant un autre angle d’approche mais avec sensiblement la même philosophie, Kristen Neff, chercheuse, auteure et enseignante a développé tout un programme spécifiquement sur l’auto-compassion. Les bases sont la conscience (reconnaître et accueillir : oui ça fait mal et c’est normal), la conscience de notre humanité commune (le non-jugement : nous sommes tous vulnérables et imparfaits, c’est normal aussi) et la compassion (l’amour qui guéri).
Tout cela se trouve dans la définition de base de la mindfulness : l’attention au présent sans jugement et avec bienveillance.