Le week-end dernier avait lieu le Congrès sur la Méditation et la Mindfulness. A cette occasion, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec la Dr Sheila Patel, médecin chef à Chopra Global aux USA. Bien qu’elle soit formée en médecine conventionnelle, son approche est globale. Sans surprise, la méditation fait partie de ce qu’elle enseigne et ce qu’elle prescrit à ses patients.
Lors de cet entretien, le Dr Patel a expliqué les bienfaits de la méditation et de la mindfulness pour le corps, le cerveau et l’esprit, ainsi que leurs causes. Si les traditions spirituelles millénaires ont saisi l’importance et la portée de ces pratiques, les démonstrations scientifiques des mécanismes à leur origine sont des découvertes récentes ; des avancées qui nous permettent de saisir en quoi ces pratiques nous permettent de relever les défis de notre vie moderne.
Le Dr Patel a soulevé, entre autres, un fait intéressant : de récentes recherches ont établi une corrélation entre la neuro-inflammation et la dépression. L’inflammation dans le corps est à l’origine d’un dysfonctionnement du cerveau qui peut engendrer une dépression.
En cas d’inflammation, le fonctionnement du cerveau est altéré par la libération de molécules produites par le corps, et notamment par le cerveau lui-même. Il en résulte une baisse des neurotransmetteurs – dont la sérotonine, qui joue un rôle clé dans l’humeur – ainsi qu’une production de molécules neurotoxiques. La régulation de la neuro-inflammation et de la neurogénèse rendra donc possible la régulation de la dépression.
En France, Lucille Capuron et Nathalie Castanon, respectivement directrice de recherche et chargée de recherche au Laboratoire de nutrition et neurobiologie intégrée à l’Université de Bordeaux, ont fait des recherches intéressantes sur ce sujet*.
De manière plus générale, le lien entre l’inflammation chronique et les maladies chroniques n’est plus à prouver. De plus, le lien direct entre le stress et l’inflammation dans le corps est indiscutable. Or, il est admis que toutes les formes de méditation (ainsi que les pratiques de mouvement en conscience telles que le tai chi, le qi gong et le yoga) réduisent les niveaux de stress, préviennent la dépression et apaisent ses maux.
Comme nous le rappelle le Dr Sheila Patel, les émotions dites « négatives » non exprimées sont une forme de stress pour l’organisme, et déclenchent des mécanismes de fuite, combat ou immobilisation dont l’activation permanente fait des ravages. Tout ce qui peut nous permettre de revenir à un état de calme et d’équilibre après un événement déclencheur de stress est bon pour nous. Or, comme le démontrent les études (et je confirme !), avec une pratique régulière de la méditation, nous bénéficions d’une meilleure régulation de nos émotions et revenons plus rapidement et plus facilement à un état d’équilibre après toute forme de stress.
* L. Capuron et N. Castanon, Role of inflammation in the development of neuropsychiatric symptom domains: evidence and mechanisms, Curr. Top. Behav. Neurosci., vol. 31, pp. 31-44, 2017.
Cité par Pour la SCIENCE, n° 497
https://www.pourlascience.fr/sd/neurosciences/lorigine-inflammatoire-de-la-depression-16342.php