À partir du 7 juin je vais faire une retraite silencieuse de deux semaines au Moulin de Châves (en Dordogne), un havre de paix que j’affectionne particulièrement.
Deux semaines complètes de silence et de méditation, quasiment sans paroles, sans « activité », sans la liberté de choix dont on bénéficie normalement, … la vie réduite à quelque chose qui paraît très répétitif, restreint et fade : cela peut sembler un drôle de choix de vacances. Et pourtant, il n’y a pas mieux pour se reposer profondément et prendre une vraie distance, non seulement de son environnement habituel mais aussi de ses habitudes habituelles !
Pourquoi faire une retraite silencieuse ? Je pourrais écrire des pages pour répondre à cette question mais, essentiellement, pour moi, il s’agit de soutenir et de renforcer ma pratique méditative, d’approfondir ma compréhension de la nature de la vie, d’enrichir mes connaissances et mûrir ma réflexion, d’apprendre à mieux me connaître, de détendre mon corps, d’apaiser mon esprit et mon système nerveux, … et de nourrir mon âme. Pendant ces temps de pratique silencieuse, je ressens ce que beaucoup d’autres disent également : je ne suis pas seule, malgré l’absence de paroles je me sens en lien, avec les autres, avec moi-même, avec la vie.
Pour tout cela, il est aidant de me retirer de mon environnement habituel, de prendre de la distance de ma vie quotidienne, de ranger mon téléphone et mon ordinateur, … Et étrangement, paradoxalement, dans ces circonstances particulièrement contraignantes, je trouve une grande liberté intérieure.
En l’occurrence, mes journées seront faites d’une dizaine d’heures de pratique méditative (guidée ou pas), essentiellement assise ou en marchant mais aussi en mouvement. Ce temps inclut par ailleurs une heure de ‘travail contemplatif’ : une participation à la vie commune (repas, nettoyage, etc.), en silence, en conscience. C’est une forme de méditation en soi. Et des temps d’enseignement de Martin Aylward, l’enseignant de cette retraite. (Martin – pour ceux qui ne le connaissent pas – est aussi l’enseignant résident, co-fondateur du centre de retraite Le Moulin de Châves.)
Au Moulin – comme dans d’autres centres de retraite – je suis soutenue par le lieu, le cadre, le silence, la vie lente mais rythmée, la nourriture saine et savoureuse, le repos. Je suis en relation très intime avec moi-même tout en étant entourée d’autres personnes et même en collaboration avec elles lorsque nous effectuons nos tâches quotidiennes ensembles. Je ressens une expansion de mon être, un bonheur de vivre malgré des moments difficiles – car de nombreux ‘obstacles’ peuvent se manifester : la douleur physique parfois (notamment aux genoux), l’ennui, les parts rebelles de mon psychisme qui s’agitent, des désirs intenses de quelque chose que je ne peux pas avoir, des souvenirs et émotions difficiles qui remontent … Tout cela est classique. Mais à chaque fois, je sais que ça aussi, ça passera, et que ces états-là ne sont que des états… la paix n’est jamais loin en-dessous.